L'enjeu : Avec la montée en flèche des prix des denrées alimentaires, les moyens de subsistance de milliards de personnes sont menacés. Les alternatives végétales à la viande et au lait peuvent renforcer la sécurité alimentaire en réduisant l'alimentation du bétail. Le moment est venu de développer massivement les alternatives à la viande et au lait et de réduire tout aussi massivement les prix.
Les prix déjà élevés des denrées alimentaires essentielles comme le blé ou le maïs ont augmenté encore plus rapidement au cours des premiers mois de 2022. Le monde est confronté à une énorme pénurie de céréales, et l'offre ne devrait pas se rétablir à court terme. Résultat probable : Les moyens de subsistance de milliards de personnes en souffriront, des centaines de millions de personnes auront même du mal à mettre le pain quotidien sur la table. Et sans sécurité alimentaire, la cohésion des sociétés est menacée. L'un des meilleurs moyens d'augmenter l'approvisionnement en céréales est la diminution du cheptel. Pour chaque calorie de bœuf, il faut sept calories de fourrage, et pour le poulet, le rapport est de 1 à 2. Par conséquent, moins le bétail ou les poulets doivent être nourris, plus il reste de céréales pour la consommation humaine. C'est particulièrement vrai pour les pays à revenu élevé qui consomment trois fois plus de viande que la moyenne mondiale. Moins de hamburgers en Europe, c'est du pain moins cher en Afrique. Certes, la viande, le lait et le fromage sont riches en protéines, et les protéines sont nécessaires à une alimentation saine. Mais ces dernières années, de nombreuses sources de protéines alternatives ont été développées : lait végétal, hamburgers végétariens ou fromage végétalien. Ces produits ressemblent aux produits d'origine animale en termes d'aspect, de sensation et de goût, mais leur production nécessite beaucoup moins de ressources : moins d'eau, moins d'énergie, moins de céréales. Ils sont respectueux du climat et des animaux et pourraient constituer un remède contre la pénurie alimentaire mondiale.
Mais il y a un hic : La viande ou le lait d'origine végétale sont plus chers que leurs concurrents d'origine animale, souvent deux fois plus chers, voire plus. Recommander du lait de soja plutôt que du lait de vache, c'est un peu comme recommander de manger du gâteau quand on n'a pas les moyens de se payer du pain. Mais il n'y a qu'une seule raison à ces prix élevés : La plupart des alternatives végétales sont commercialisées auprès d'une petite niche de cosmopolites verts, qui sont prêts à payer le prix fort pour leur bonne conscience. Pourtant, honnêtement, elles peuvent être produites à bien meilleur marché que les produits laitiers ou carnés. Le lait d'avoine, par exemple, se compose essentiellement de flocons d'avoine trempés dans l'eau, d'une goutte d'huile, d'un mélange, et le tour est joué. Ainsi, l'un des meilleurs remèdes à la pénurie alimentaire mondiale a été de se cantonner à un marché de niche de classe supérieure, en s'éloignant du marché de masse dont les marges bénéficiaires sont plus faibles, mais dont l'impact sur l'humanité est plus important. Mais à l'heure où l'insécurité alimentaire s'accroît, un revirement s'impose. Le moment est venu de développer massivement les substituts à la viande et au lait et de réduire tout aussi massivement les prix. L'histoire connaît deux façons de passer d'un marché de niche à un marché de masse : privée et publique. Privée, comme le bouleversement de l'industrie automobile par Henry Ford. En 1913, il a modifié son modèle commercial en passant d'un marché de niche onéreux à une production de masse bon marché ; le reste de l'industrie a dû suivre. Ou publiques, comme la promotion de la pomme de terre par le roi de Prusse Frédéric le Grand vers 1760. Il a donné de nombreux ordres aux agriculteurs prussiens pour qu'ils cultivent cette nouvelle plante hautement nutritive, ce qui lui a valu le surnom de "roi de la pomme de terre". Alors.. : Qui veut devenir le "Henry Ford des hamburgers végétariens" ou le "président du lait de soja" ?